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© Alicia Juge - Col de Perjuret
Le Parc participe au programme Laupabro qui vise (comme son prédécesseur Laubamac) à développer et consolider les filières artisanales de la pierre sèche et de la lauze à l’échelle du Massif central. 10 partenaires rassemblant des parcs naturels régionaux, une collectivité, l’École des Mines d’Alès et des associations comme les ABPS (Artisans Bâtisseurs en Pierre Sèche) portent des actions en ce sens. Celle portée par le Parc national à pour objectif de promouvoir l’utilisation contemporaine de la pierre sèche dans l’aménagement de l’espace public.
 

L’établissement public a recruté deux stagiaires paysagistes avec un objectif : comment réinventer l’aménagement de 3 cols du Parc en valorisant la pierre sèche ?

Alicia Juge et Manon Diekmann, toutes deux jeunes diplômées de l’École de la Nature et du Paysage de Blois ont donc travaillé durant trois mois sur des propositions d’aménagement de 3 cols : Le Perjuret, Montmirat et Jalcreste.

Portes d’entrée du territoire, ces cols pourraient être mieux mis en valeur.

 

EPISODE 1 : LE COL DE PERJURET

 

DIAGNOSTIC ET ENJEUX 

 

Le col de Perjuret

Le col de Perjuret culmine à une altitude de 1030 m et relie les communes de Florac à Meyrueis. Le col permet le passage, d’ouest en est, de la vallée de la Jonte à celle du Tarnon, et du sud au nord, du mont Aigoual au causse Méjean. Le col se situe à la rencontre de diverses formations géologiques : le causse Méjean repose à quelques kilomètres sur un plateau calcaire et comporte des versants marneux.

Le chaos de Nimes-Le-Vieux, qui se situe à une dizaine de kilomètres du col, sur le causse, fait partie des des site géologiques majeurs du Parc national et attire beaucoup de visiteurs.

La vallée du Tarnon est composée d’un fond de vallée schisteux, la vallée de la Jonte est majoritairement calcaire et l’Aigoual est un massif granitique. Ils avoisinent eux aussi le col et enrichissent la diversité des paysages du site.

Le col se situe sur la commune de Fraissinet-de-Fourques dans la vallée du Tarnon. Il se situe à la rencontre de deux ambiances paysagères bien distinctes. Au sud, la forêt domaniale de l’Aigoual donne à voir un paysage forestier, à l’ambiance resserrée.

Au nord, le causse et son large plateau agropastoral abrite la ferme de l’Hom, ainsi que le plateau du Ségala. Ce dernier offre un paysage très agricole, ouvrant des vues sur le grand paysage. Cet axe nord-sud était très utilisé lors des transhumances par les troupeaux de brebis montant du Languedoc par la vallée de l’Hérault et partant en estive vers la Margeride.

Les traces d’une draille, encore visibles par endroits sur le col, témoigne de ce passé agropastoral.

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© Alicia Juge et Manon Diekmann - Axonométrie du col de Perjuret
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© Alicia Juge et Manon Diekmann - Un col à la rencontre de diverses formations géologiques.

 

Enjeux grand paysage

Ce grand paysage est en mouvement et de grandes dynamiques sont actuellement à l’oeuvre :

  •  Le causse est remarquable pour ses paysages ouverts dû à un long passé agropastoral. Il se compose de paysages de parcours et de dolines actuellement entretenus. Cependant, des secteurs plus délaissés ont tendance à s’enfricher à cause de l’essaimage des résineux, entraînant ainsi une fermeture progressive des milieux. La plantation de conifères, notamment aux abords des couronnes du causse, implique également une fermeture des vues.
  •  La vallée du Tarnon, dont la vocation agricole s’efface peu à peu, connait le développement de son activité touristique et une extension villageoise modérée.
  •  Enfin, l’activité pastorale étant de moins en moins importante à proximité du col, la trace des drailles se perd.
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© Alicia Juge et Manon Diekmann

 

Une vie locale à l’année

Le col est un espace vivant tout au long de l’année. On trouve quelques éléments qui témoignent d’une installation humaine permanente et qui atteste d’une certaine dynamique sur le col.

On y retrouve : un lieu d’habitation, une grange et un logement pour un berger ou le salarié de la ferme de l’Hom.

Les espaces agricoles environnants sont en mouvement permanent (pâturages et fauches à l’année). La saisonnalité marque un rythme fort sur le col puisque la fréquentation touristique d’avril à fin septembre amène de nombreux randonneurs, cyclistes, motards et automobilistes.

Tout au long de l’année, il est traversé par des locaux, des forestiers et des professionnels des transports et des travaux publics. Le carrefour sert de point de rendez-vous ou de halte.

L’arbre au carrefour des voies abrite les cyclistes et marcheurs, et l’espace central accueille une boite aux lettres, des poubelles et un arrêt de bus pour le ramassage scolaire.

 

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Des usages liés aux déplacements

Le col est largement marqué par les flux routiers. Ces derniers conditionnent la façon dont on appréhende le col car de nombreuses routes s’y croisent. En effet, la départementale 996 quitte la vallée de la Jonte et franchit le col pour passer dans la vallée du Tarnon. Cette même D 996 croise alors la voie de circulation de la départementale 18, la draille et le GR 60.

Ces voies entraînent alors :

  •  le passage de grumiers, de camionnettes et de camping-cars
  •  le stationnement de véhicules légers et de poids lourds
  •  le passage de randonneurs, de cyclistes, de motards,
  •  ainsi que le passage, de plus en plus rare, de troupeaux en transhumance en juin et septembre.

Tous ces flux engendrent une confusion dans la lecture des routes et chemins. Ce carrefour est donc compliqué à lire et dangereux.

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© Alicia Juge et Manon Diekmann - Un carrefour très fréquenté et dangereux
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© Alicia Juge et Manon Diekmann - Les flux engendrent une confusion dans la lecture des routes et chemins.

 

Des vues remarquables

Des points de vues remarquables recontextualisent ce dernier dans sa grande géographie. À quelques minutes de marche du col, des vues sur la vallée du Tarnon, le causse Méjan et la forêt domaniale de l’Aigoual sont possibles.

 

Enrésinement et recul de l’agropastoralisme

La draille s’efface, le passage des transhumants est moins fréquent. Les paysages très ouverts du causse, hérités du passé agropastoral du site, s’enfrichent en raison de l’essaimage des résineux.

Les milieux se ferment progressivement.

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© Alicia Juge et Manon Diekmann - La draille s’efface

 

Des espaces peu qualifiés et en mutation constante

Les cols sont souvent utilisés comme zone de dépôt car ils sont des lieux stratégiques entre deux vallées. Ce sont pourtant des espaces à valoriser au vu des ouvertures sur le grand paysage. Le parking peut être utilisé en tant que tel et s’éloigne de sa fonction originelle.

 

LE PROJET PAYSAGE

 

Faire ralentir avant l’arrivée sur le col

Le projet viserait à apaiser le col.

Afin d’inciter les automobilistes à ralentir, les alignements historiques de frênes seraient redéployés de part et d’autre de la route mais le rythme d’implantation des arbres serait revu. Plus les arbres seraient proches du sommet, plus ils seraient plantés de manière serrée afin de donner un effet de vitesse aux automobilistes. Pour prolonger ce geste, des bandes d’enrobé coloré seraient crées au sol en suivant le rythme et inviteraient à ralentir.

 

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© Alicia Juge et Manon Diekmann - Faire ralentir à l'arrivée du col
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© Alicia Juge et Manon Diekmann - Nouvel alignement de frênes et marquage enrobé coloré

Afin d’organiser la rencontre entre les différents usagers et réduire l’importance visuelle de la voiture, une seule voie de circulation serait privilégiée sur la D18. La nouvelle voie emprunterait l’actuel parking afin de permettre un angle de giration plus souple pour les poids lourds. L’espace gagné sur le carrefour serait voué à devenir un espace partagé, une placette.

Cet espace de halte publique servirait aux habitants, marcheurs, cyclistes, motards et automobilistes empruntant le col. Afin de compenser le retrait du parking, 6 places de stationnement voiture seraient disposées en extérieur de placette, le long de la D18, ainsi qu'une place pour conducteur à mobilité réduite.

Pour favoriser la rencontre entre usagers - notamment entre marcheurs et automobilistes – la nouvelle trame piétonne serait disposée en sortie de draille afin de guider l’avancée pédestre et mènerait jusqu’à la place. Cette dernière s’ouvrirait sur la vallée de la Jonte et permettrait un arrêt sous l’ombre des frênes. En prolongeant l’emprise de la draille jusque sur l’espace de la placette, c’est l’histoire agropastorale du col de Perjuret qui serait mise en avant.

Enfin, la calade déjà existante serait rénovée et viendrait se déformer sur la place pour accueillir un point d’eau. Cette esplanade s’appuierait sur la forme de la prairie attenante.

 

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© Alicia Juge et Manon Diekmann - Le projet de placette ombragée

Une fontaine

La fontaine ombragée permettrait de répondre au besoin d’eau exprimé sur le col. Cette dernière prendrait la forme d’une lavogne et soulignerait l’usage agropastoral du site.

Un jet d’eau, actionné par une pédale au sol, permettrait au marcheurs, cyclistes et cavaliers de remplir leurs gourdes. L’eau en excès remplirait cette vasque et s’infiltrerait progressivement afin de permettre aux animaux de s’abreuver.

Un promontoire

Le muret de soutènement, servant à la mise à niveau de la place, permettrait une immersion dans la vallée de la Jonte. Les assises prévues sur le couronnement proposeraient une envolée sur cette dernière.

Un cale roue

Afin de répondre au besoin de halte et notamment l’arrêt des cyclistes « une calade qui cale » serait disposée sur la placette. Des dalles plus larges, sciées en leur centre, accueilleraient les roues des vélos.

 

 
CONCLUSION

 

Grâce à ce projet, les différents usagers auraient des espaces bien définis. La place, qui tournerait le dos à la route, permettrait de réduire l’importance de la voiture sur le col. Composée comme une calade, elle rappellerait l’histoire agropastorale du site en mettant la draille au cœur du projet.

 

Prochains épisode :

Textes - images et illustrations : Alicia Juge et Manon Diekmann


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