3 questions à David Genoud, entomologiste, spécialiste des abeilles sauvages et auteur de la liste commentée.

Le Parc national souhaite devenir un territoire accueillant pour les pollinisateurs. En quoi cette liste constitue t-elle un outil précieux ?

Cette liste permet de mettre en avant des espèces à enjeux et donc aussi d'identifier des milieux et des habitats naturels, des plantes et zones à enjeux pour la conservation des abeilles sauvages.

On peut considérer certaines abeilles sauvages comme des espèces parapluies, leur conservation et la mise en place de mesures favorables à leur conservation peut bénéficier à l'ensemble du cortège présent mais aussi à d'autres espèces animales et végétales (plantes entomogames).

Aujourd'hui la mise en place de mesures de conservation en faveur des pollinisateurs nécessite des choix forts et courageux, pas forcément compatibles avec un système de fonctionnement global qui consiste plutôt à négocier aux marges, des petits pourcentages de « gain ». Pour certaines espèces, notamment parmi les bourdons, il est sans doute déjà bien trop tard pour agir en leur faveur : espèces disparues ou à des seuils de populations très faibles au point de venir indétectables, processus de changement climatique fortement enclenché…

Quelles sont les différentes techniques pour identifier les abeilles sauvages ?

Il n’y a pas beaucoup de possibilités hormis d’identifier les spécimens aux genres puis à l'espèce à l'aide d'ouvrage spécialisés et de clés dichotomiques. C'est un groupe diversifié et complexe qui nécessite une longue et très régulière (voire intense) pratique pour devenir autonome et fiable.

On s'appuie souvent sur un réseau d'experts pour confirmer les identifications. Aujourd'hui, dans le monde de la recherche, de plus en plus d'identifications sont réalisées avec des techniques de séquençage de l'ADN. Les bases de données relatives aux séquençages restent encore perfectibles mais s'améliorent tous les ans. Les différentes méthodes et séquences cibles ne donnent pas toutes les mêmes résultats et doivent être analysées avec un regard critique. Cette approche reste réservée à des laboratoires.

Que sont les abeilles - coucou ?

Les abeilles - coucou sont des abeilles cleptoparasites. Elles ne récoltent pas de pollen et n'aménagent pas de cavités pour la reproduction. Elles vont directement pondre dans le nid de leur hôte. Leur larve consomme alors l’œuf ou la larve de l'espèce parasitée et le pain de pollen collecté par l'hôte. D'où le nom d'abeille-coucou.