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Partez à la découverte de la flore du Parc avec notre garde moniteur Emeric Sulmont !
Le printemps arrive à grand pas et ces observations réalisées l’année dernière vous permettront d’être prêts pour ce moment tant attendu par les botanistes amateurs ou éclairés ! L’occasion de découvrir des espèces remarquables, rares ou indicatrices à observer avec passion et bienveillance.
 

[ Environ du Col de Perjuret, Fraissinet de Fourques (48) – observations réalisées le 24 juin 2020 avec l’équipe des agents du PNC du massif Causses-Gorges. ]

 

Nous démarrons la journée par la présentation du Millepertuis à feuilles d’hyssope (Hypericum hyssopifolium), les Causses concentrent les seules localités du Massif central.

Ailleurs en France il n’est connu que des Alpes du sud et des Corbières. Il pousse ici en lisière de jeunes taillis de hêtre et de chêne en compagnie de Trifolium medium (un trèfle qui donne d’ailleurs son nom à une association végétale qui désigne justement la végétation de ces lisières de chênaies = Trifolion medii).

 

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Millepertuis à feuilles d’hyssope 

 

On y trouve également la digitale jaune, l’Astragale glycine (Astragalus glyciphyllos) également appelée "Réglisse sauvage" et la vesce des haies (Vicia sepium).

 

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"Régime" de gousses d'Astragale glycine 

 

En contrebas de la route, nous trouvons facilement des pieds de Gentiane croisette avec des pontes du papillon protégé l’Azuré de la Croisette (Maculinea alcon rebeli).

 

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L'Azuré de la Croisette © E. Sansault - ANEPE Caudalis

 

Des prélèvements d’échantillons des fourmis environnantes ne permettent pas de trouver un représentant du genre Myrmica comme hôte classique des chenilles de ce papillon, en revanche elle permettent d’identifier l’espèce responsable de ces énormes buttes de 40 cm de haut à 60 cm de diamètre qui jonchent le secteur, elles sont le fruit d’un travail souterrain et discret de Lasius flavus, la fourmi jaune, une fourmi essentiellement souterraine qui élève des cochenilles et des pucerons sur les racines des plantes.

La présence de ces buttes en quantité atteste d’une longue stabilité du milieu qui n’a donc pas été labouré depuis plusieurs décennies. Entre autres anecdotes, Lasius flavus fait partie des espèces d’insectes les plus longévives, plus de 20 ans pour la reine ! Et anecdote plus cruelle, les individus écrasés par mégarde émettent une odeur caractéristique de citronnelle, sans doute une manière d’éloigner d’éventuels prédateurs.

 

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La fourmi jaune © sarefo - Wikimedia Commons

 

La zone en contrebas de la route D996 à moins de 500 m à l’est du Col du Perjuret a fait récemment l’objet de travaux de stabilisations car situé sur un terrain marneux qui glissait régulièrement lors des épisodes de fortes pluies. Une des conséquences fut un bouleversement de quelques milliers de mètres carré de la flore environnante. La revégétalisation qui a suivi ne semble pas, heureusement, s’accompagner d’invasion d’espèces exotiques.

Quelques combes épargnées des travaux abritent un cortège singulier de pelouses marneuses à Canche intermédiaire ou Canche à feuilles de jonc (Deschampsia media), c’est sur ce type d’habitat qu’on peut rencontrer Prunella hyssopifolia, une espèce assez banale en garrigues, nettement plus rare sur les Causses.

Elle n’est pas présente ici mais Prunella laciniata et Prunella vulgaris la remplacent. Centaurium erythraea et Blackstonia perfoliata - deux gentianacées - apprécient également cette écologie.

 

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Blackstonia perfoliata © Bernard Nicollet - Parc national des Ecrins

 

On découvre aussi une gesse peu commune dans le Parc : Lathyrus nissolia, très caractéristique avec une fleur unique d’un beau rose fuschia porté sur un long pédoncule. Hors floraison elle est presque indétectable.

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Lathyrus nissolia, plante des pelouses calcaires plus ou moins marneuses et temporairement humides

 

Ophioglossum vulgatum est également repérée dans une partie plus humide, elle peut être considérée comme une espèce remarquable et rare pour les Causses, plus régulière dans les Cévennes siliceuses.

 

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Ophioglossum vulgatum © Cédric Dentant - Parc national des Ecrins

 

En explorant ensuite le plateau au sud du Perjuret, où Sandrine Descaves, notre technicienne forêt, avait déjà repéré quelques années auparavant la Scorzonère pourpre et la Gentiane croisette, nous trouvons de nombreuses orchidées : l’Orchis punaise, l’Orchis grenouille (Coeloglossum viride), l’Orchis bouc, l’Orchis homme pendu, l’Ophrys bécasse, l’Ophrys abeille et l’Ophrys d’Aymonin.

 

Orchis punaise, Orchis bouc et Orchis homme pendu

 

Plus bas dans les pentes, on découvre Epipactis distans et Epipactis atrorubens, le premier plutôt rare dans le PNC.

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Epipactis distans ou Épipactis à feuilles distantes

 

Au milieu de la pelouse assez uniforme du plateau, nous dénichons enfin quelques pieds isolés de Séneçon de Gérard (Senecio gerardii), une espèce calcicole rare proche du Séneçon doronic qui pousse sur le Mont Lozère. Contrairement au Séneçon Doronic (Senecio doronicum), le Séneçon de Gérard a des fleurs jamais teintées d’orangé et des feuilles à pruine moins persistante. Il est également connu sur le piémont calcaire cévenol.

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Rosette de Senecio Gerardii

 

J’espère que vous avez apprécié cette petite balade botaniste !

Au Parc, nous sommes convaincus que c’est en transmettant nos observations et nos découvertes que nous pourrons apprécier ensemble l’extraordinaire biodiversité du territoire. Alors surtout, n’oubliez pas, ces trésors sont fragiles et il est de notre responsabilité à tous de les protéger pour qu’ils puissent continuer à nous émerveiller !

 

[ Prochain épisode : la Brousse ! ]

 

Pour aller plus loin :

 

Les autres épisodes de la série "A la découverte de la flore du Parc" :

 

 

Sauf mention contraire, les photos de cet article ont été prises par Emeric Sulmont - Parc national des Cévennes


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