Un blob sur une branche ?
Mercredi 29 novembre 2023.
Nous sommes à proximité du hameau de Flandre sur la commune de St Germain de Calberte, en prospection afin de réaliser un diagnostic écologique de parcelles forestières. Notre mission du jour : déterminer les enjeux patrimoniaux concernant la faune, la flore et les habitats.
Soudain, une couleur inhabituelle au milieu des branches d’un châtaignier surplombant le Gardon attire notre attention. Il ne s'agit pas d'un oiseau rare ou d'un blob... mais de lambeaux d’un ballon gonflable ! En nous approchant, nous remarquons qu’une étiquette y est accrochée.
Un voyage de 135km...
Piqués par la curiosité de connaître sa provenance et après quelques minutes de « pêche au ballon », nous réussissons à le récupérer. Il s’agit d’un ballon lâché en 2023 à Lempdes sur Allagnon (43), à environ 135 km à vol de ballon de son lieu de découverte.
L’étiquette précise d’un côté les coordonnées de l’expéditeur et de l’autre « Si vous trouvez ce carton, envoyez un SMS avec les noms et prénoms de l’enfant afin que celui-ci gagne un lot ».
Nous suivons les instructions et envoyons un SMS au numéro figurant sur l’étiquette : il serait dommage de priver l’enfant en question de son cadeau.
Une intention louable, aux conséquences qui le sont beaucoup moins...
Le remarquable état de conservation dans lequel se trouve l’étiquette cartonnée démontre à quel point la dégradation de certains « déchets » ou matériaux peut être longue en milieu naturel.
Par ailleurs, l’état de dégradation du ballon permet de mieux comprendre comment le plastique et le caoutchouc vont se déliter en petits morceaux qui pourront être ensuite ingérés par les animaux et par là, nuire à leur santé voire causer leur mort.
Au-delà des animaux, une étude de l’Université de Newcastle alerte sur le fait que les êtres humains pourraient ingérer 5g de plastique par semaine (ce chiffre est issu d’une analyse d’études existantes sur l’ingestion de plastiques présents dans l’air, l’eau et la nourriture)...
Ces lâchers de ballons ont souvent lieu lors de manifestations caritatives, festives ou encore lors de célébrations.
Derrière la symbolique d’un lâcher de ballons, prenons conscience qu’un joli ballon qui s’envole, souvent avec quelques congénères, finira par retomber à terre ou en mer où il deviendra source de pollution.
Important à savoir : tout lâcher de ballons doit obligatoirement faire l’objet d’une demande d’autorisation auprès de la Préfecture. Idéalement, évitons ce genre d’actions et préférons celles qui auront le plus d’effets positifs pour la cause défendue ou représentée tout en évitant les impacts négatifs.
Gilles Garnier,
Garde-moniteur sur le massif Vallées Cévenoles