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Sarah, Victoria et Paul, étudiants à Sciences Po ont réalisé un stage inédit au sein du Parc national des Cévennes : une itinérance à pied depuis Villefort à la limite du département de l’Ardèche au Vigan à l'extrémité Ouest du département du Gard. Vous avez pu retrouver le récit de leur voyage au jour le jour sur Instagram, en voici une version détaillée. 

 

EPISODE 2 : LES GORGES DU TARN ET LE CAUSSE MEJEAN

 

Gorges du Tarn

 

 

rando

JOUR 8 : Florac - Le Chambonnet

 

distance

14 km

 

Dénivelé positif

381 m

 

Après s’être remis de nos émotions du Stevenson, nous repartons vers de nouveaux horizons : les gorges du Tarn et le Causse Méjean. Nouveaux chemins, nouveaux reliefs, nouvelles rencontres… et nouvelles règles pour la suite de notre itinérance douce.

La deuxième partie de notre périple commence par une étape jusqu’au Chambonnet. Dans la matinée, nous rencontrons pour la première fois un lacerta bilineata, ou lézard vert avant d'arriver au hameau de Biesses, entouré de vignes, pour lequel nous tombons littéralement en amour.

À 15h, la rencontre avec une classe multi-niveaux à l’école d’Ispagnac accompagnés par Éléonore Solier, enseignante chargée de mission Éducation Nationale pour le Parc, est pour nous l’occasion de partager avec un autre public notre expérience. Elle avait organisé diverses activités pour que nous introduisions ensemble et d’une manière plus concrète pour les enfants le thème de l'itinérance douce.

Nous quittons difficilement nos nouveaux meilleurs amis pour finir notre journée au Camping du Petit Monde, après une traversée périlleuse du Tarn en canoë.

 

Jour 8
Lezard
biesses
jour 8
Pont quezac
ecole
ecole

Paul : " qu’il est bon de retourner à l’école ! "

Notre itinérance, c’est avant tout marcher, rejoindre la fin prévue de l’étape en documentant chaque moment passé sur le chemin. Rares sont les moments qui marquent des pauses dans cette aventure. Parmi ceux qui étaient prévus, l'un d'entre eux m’avait étonné lors de la préparation du parcours en amont de notre stage :

Ça vous dirait d’aller parler de ce que vous faites dans une école primaire ?” nous avait-on demandé ?

L’occasion était trop belle. Nous qui n’étions pas retournés dans une école primaire après l’avoir quittée, étions partagés entre appréhension et envie d’échanger avec ces enfants sur ce qui nous menait jusqu'à eux.

Une heure plus tard la cloche a retenti. Voir tous ces élèves si intéressés, nous posant milles questions sur la distance de notre voyage, la difficulté, l’agencement peu orthodoxe de nos sacs... fût une expérience vraiment spéciale à tous points de vue.


Sarah : « l’absence de confort de plus en plus appréciée »

En itinérance, si l’on ne peut pas manger comme on le voudrait à chaque repas, il est toujours possible de s’offrir quelques plaisirs pendant le voyage. Après plusieurs jours à se contenter d’une tranche de pain de mie à midi et de soupe lyophilisée le soir, voilà que nous profitons de notre arrivée au village d’Ispagnac pour se régaler d’un plat de lasagnes à la cévenole, sauce au cèpe et viande du terroir étant de la partie.

Et force est de constater que ces récompenses ont de plus en plus de saveur à mesure que les jours passent : on s’habitue à manger moins, et nous réalisons que nous avions l’habitude de trop manger. Au cours de cette randonnée, l’absence de confort absolu est de plus en plus appréciée, et les moments de plaisir encore plus.


Victoria : " partants pour un petit tournoi de massage de pieds ? "

Qu’il est bon de sentir que l’on se dépasse, de se rendre fier de ce que l’on vient d’accomplir. Car chaque jour qui s'achève représente un pas supplémentaire dans le défi sportif et personnel que représente cette itinérance de plus de 200 kilomètres.

Cependant, ne vous y trompez pas : malgré les paysages à couper le souffle qui se dresseront devant vous, le mal de pieds finira toujours par vous rattraper. Trop préoccupée par les autres parties de mon corps - trapèzes, hanches ou muscles des fessiers - je n’ai pas senti le feu ardant s’embraser dans mes chaussures de randonnée. C’est alors que j’ai subi les 4 derniers kilomètres, chacun de mes pas devenant plus laborieux que le précédent. Lorsque nous sommes enfin arrivés et une fois la tente montée, le désinfectant et les pansements « double peaux » se sont soudain mués en mes plus précieux alliés.

Petite activité que je recommande pour agrémenter vos soirées : le tournoi de massage de pieds ! Vous nous en direz, assurément, des nouvelles !

 

Carte jour 8

 

 

 

 

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JOUR 9 : Le Chambonnet - Sainte Enimie

 

distance

14 km

 

Dénivelé positif

311 m

 

Tôt le matin, les rives du Tarn vous bercent de leurs légers remous et soubresauts. Nous nous éveillons au camping du Petit Monde où règne encore le calme. Nous sommes quasiment les seuls clients pour la nuitée qui vient de s’écouler. En tout cas les seuls dans un rayon de 50m. Les oiseaux chantent déjà, mais tout est si calme, nous nous rendormons.

10h passées et c'est l’heure du départ de l’autre côté de la rive avec une nouvelle traversée en canoë. Une étape de fond de vallée nous attend. Après les larges chemins qui quittent Quezac, première surprise dans le hameau de Castelbouc, ce sont des centaines de traileurs aguerris que nous rencontrons ! L’annuel “Lozère Trail" est de passage dans la zone, et cela donne envie de marcher plus vite pour pouvoir (espérer) les suivre.

Un peu avant le secteur de Sainte Enimie, nous découvrons avec stupéfaction un paysage qui se referme sur lui même : celui des Gorges du Tarn, véritable curiosité géologique creusée en des temps immémoriaux. L’aventure bascule dans une nouvelle phase !

 

 

 

gorges du tarn
gorges du tarn
gorges du tarn
gorges du tarn
gorges du tarn
gorges du tarn

Victoria : "au bout du petit monde"

Il existe des endroits dont la beauté, la grandeur et l'excès d'émotions qu'ils suscitent nous marquent à jamais. Ces lieux remarquables, nous les avons découverts dès notre départ de Villefort, lors de notre arrivée sur les crêtes.

Cependant, au Camping du Petit Monde un "effet waouh" bien plus humble s’est produit. C'est un lieu où règne une ambiance à la fois chaleureuse et paisible, qui nous procure un profond sentiment d'apaisement. Niché au cœur des gorges et bordé par les eaux du Tarn, c'est un spectacle pour les yeux lorsqu'on lève la tête de jour comme de nuit, lorsque les étoiles apparaissent. Et si l'on s'attarde sur le potager ou les mares créés avec passion par Thibaud, le propriétaire, on découvre également des merveilles sous nos pieds.

Alors, si vous êtes à la recherche de l’endroit idéal pour vous ressourcer, je vous encourage vivement à venir découvrir le petit et magnifique monde de Thibault !

 

Sarah : "aussi libre qu'un héron"

Sur un itinéraire de 150 km, les paysages évoluent forcément. Mais dans le Parc national des Cévennes c’est encore plus flagrant. Après avoir descendu le mont Lozère, genêts en fleur et blocs de granite laissent place au doux écoulement de l’eau. L’air est chaud, et l’été fait irrésistiblement sentir son arrivée quand nous découvrons enfin le Tarn à travers les arbres. Chaque belvédère, chaque clairière est une bouffée d’air frais, une nouvelle surprise que nous réserve le cours d’eau. En profitant pleinement de la brise fraîche et du paysage, j’ai l’impression de respirer à nouveau, d’être aussi libre que le petit héron que nous pouvons apercevoir sur la plage.

Sur le chemin, nous rencontrons villageois, randonneurs, sportifs de tous niveaux ; tous venus profiter de la beauté du paysage. La vue se fait d’autant plus belle quand nous arrivons près du village de Saint Enimie, paisible et posé fièrement au-dessus de la rivière.

 

Paul : "éternelles Gorges du Tarn"

 

Au gré de nos rencontres et des bouts de chemin partagés avec les experts du Parc, des connaisseurs de la région ou des simples voyageurs de passage, un nom semble revenir en boucle : les Gorges du Tarn.

Comme un sous titre donné à toute la région dont Sainte-Enimie - notre point d’arrivée pour aujourd’hui- est le centre. Mais de quoi parle-t-on au juste ? Creusé par le Tarn pendant des millions d’années, les Gorges sont un canyon sinueux qui sépare le Causse Méjean du Causse de Sauveterre, aux frontières du Parc. Le lieu prend des airs sauvages qui évoquent l’Amérique lointaine dès la première étape de la marche, après Quézac. A mesure que les kilomètres s’égrènent, les falaises se creusent progressivement au-dessus de nos têtes. Au plus profond de la vallée, la proéminence de celles-ci atteint presque les 500m. On se laisse ainsi doucement entraîner par la marche, et on se trouve comme piégé par ces immenses masses de calcaires.

Pour prolonger l’expérience, ma recommandation serait ensuite d'aller admirer le soleil se coucher tôt derrière les grands murs. Pour nous, entre deux épisodes pluvieux, l’expérience donnait vraiment au lieu cette sensation de bout du monde que nous cherchions tant.

 

Carte jour 9

 

 

 

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JOUR 10 : Sainte Enimie

 

distance

15km (sur l'eau !)

 

 

Comment aurions-nous pu justifier de ne pas prendre notre temps à Sainte-Enimie ?

Comment arpenter cette zone des Gorges du Tarn sans donner à la petite cité médiévale à l’historique riche et aux ruelles pleines de charme en cette saison toute l'attention qu'elle mérite ? L’arrêt est quasi obligatoire, nous nous y soumettons bien volontiers. Dans une itinérance rythmée par la marche à pied qui peut parfois se faire “cassante”, cette journée est pour nous l’occasion de nous ressourcer avant d'entreprendre une sortie en kayak dans ces fameuses Gorges du Tarn.

 

Sainte Enimie
Sainte Enimie
Sainte Enimie
Sainte Enimie
Sainte Enimie
Sainte Enimie

Paul : "de nouvelles sensations insolites en kayak "

Pour les amoureux de pleine nature que vous êtes peut-être, la pratique du kayak (une place) ou de canöé (plusieurs places) au départ des abords de Sainte-Enimie est sans conteste le conseil que nous pourrions vous prodiguer pour une demi-journée dans la zone. Des parcours familiaux adaptés aux jeunes enfants jusqu’aux itinéraires sportifs qui exigent de ne pas perdre le rythme pour ne pas se trouver pris au piège par le chronomètre, il y en a pour tous les sportifs !

Ce qui nous a vraiment marqués en tant que marcheurs à temps complet est sans doute la fraîcheur de la navigation sur le cours d’eau, mais aussi les sensations complètement alternatives que permet la pratique.

Randonner c’est sentir, mais aussi d’une certaine manière subir chaque pas, le plan d’eau et le courant modifient complètement ce rapport au déplacement, se laisser glisser sur le Tarn et entraîner dans ses rapides est véritablement un moment riche en sensations !

 

Sarah : "impossible de passer à côté de la légende de Sainte Enimie"

Les gorges du Tarn sont connues pour leurs paysages à couper le souffle, mais j’ai été tout autant marquée par les villages qui le bordent. Notre étape à Saint-Enimie nous a permis de nous reposer et de prendre le temps de déambuler dans les ruelles de ce petit village médiéval. Pour tous les amoureux du Moyen-Age, Saint-Enimie est une étape incontournable : les rues pavées et les maisons à colombages ornées de fleurs nous ont fait voyager dans le temps !

En passant par ce lieu magique, il est impossible de passer à côté de la légende de Sainte Enimie que les magnifiques fresques de l'Église retracent en partie.

Nous avons conclu notre journée au restaurant (une journée reposante on a dit !), en profitant de notre vue sur le vieux pont sous les dernières lumières du jour.

 

Victoria : "quand tu comprends que tu vas définitivement devoir t'accommoder à la pluie"

Le bivouac que nous avions rêvé était celui placé sous le signe du beau temps et de la douce brise de fin de printemps. Mais il n’est pas sans dire que nos espoirs se sont mutés en désillusion quand nous avons compris que nous allions définitivement devoir nous accommoder à la pluie. Et bien entendu, elle choisit toujours les moments les plus opportuns pour se manifester !

Alors chers amis bivouaqueurs, gardez en tête que, comme nous, vous risquez de vous faire surprendre par la pluie, à de nombreuses reprises. Mais pas d’inquiétude, nous en sommes venus à accepter que le bivouac à l'abri des intempéries n'est qu'une chimère, réservée aux étés sous 40°C ! En revanche, il est indéniable que posséder des affaires mouillées n'est pas des plus agréables. Et qu'il est très difficile de s'y habituer. Alors pour que ce ne soit que passager, pensez à glisser dans votre sac des vêtements en polypropylène, nylon, microfibre, tencel plutôt qu’en coton (comme moi, oups). Et dès que vous le pouvez, la machine à laver sera votre meilleure alliée… Vos compagnons de voyage vous en sauront gré ;)

 

 

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JOUR 11 : Sainte Enimie - Mas de Val

distance

14 km (+4 pour cause d'erreur d'aiguillage...)

 

Dénivelé positif

763m

 

Il est toujours enivrant de se mettre en route sans trop savoir à quoi s’attendre. Finalement, notre longue péripétie dans les Cévennes est à elle seule un saut dans l’inconnu. Mais ce matin plus que les autres, nous nous apprêtons à découvrir le fameux Causse Méjean.

Après avoir fait nos aurevoirs à Sainte Enimie, nous attaquons la montée qui mène sur le Causse… et avec elle le premier imprévu de la journée : nous manquons la sortie du GR et c’est un détour de 4km jusqu’à St-Chély du Tarn qui nous attend.

Ensuite, l’après-midi d’ascension est aussi marquée par un temps lourd et sec synonyme de déshydratation. Bref, une journée qui, pour nous, fût loin d'être une sinécure. 

Jour 11
Jour 11
Jour 11
Jour 11
Jour 11
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Sarah : "quand le corps vous lâche..."

Je m'étais préparé à ce que certaines étapes soient particulièrement difficiles, mais peut-être pas suffisamment. On nous avait prévenu : les Cévennes ne sont pas de hautes montagnes, néanmoins les GR qui les traversent ne doivent pas être sous-estimés pour autant. Il faut également comprendre que les étapes ne sont pas indépendantes les unes des autres, l'effort fourni au premier jour se cumule à celui des jours suivants. Au milieu de notre parcours, j'ai sûrement sous-estimé cela. Car oui, marcher plusieurs dizaines de bornes par jour, avec un sac de 15 kg et sans préparation physique complète, ça use.

Au bout de ce onzième jour, on peut dire que mon corps m'a lâché, ou plutôt mon genou. Ce qui s'avéra être plus tard une tendinite m'aura appris une énième leçon : il est indispensable de bien se muscler avant un tel voyage, et de toujours s'écouter et se reposer quand nécessaire ! Je me donne jusqu'à demain pour voir si la douleur disparait.

 

Paul : "découvrir le charme de l'effort long"

 

On ne s'en rend pas nécessairement compte, mais nous ne sommes pas habitués à marcher pendant des jours entiers. Coincés dans notre mode de vie par des obligations de nature sociales, professionnelles ou scolaires, la notion de l'effort long est caduque. Ainsi cette itinérance est aussi une sorte de redécouverte. Je prends personnellement beaucoup de mon temps libre pour me dépenser, courir et me ressourcer en pleine nature. Mais la véritable marche est un rapport complètement différent à l'effort, et là se trouve en un sens tout son charme.

Comme un défi qui nous est adressé, cette journée devient au fur et à mesure que le chemin s'élève une journée riche en sensations... et en difficultés. Et pour ne rien arranger, je me rends compte que j'avais omis de remplir mes gourdes en partant de Sainte Enimie . Et la sensation de soif prend une nouvelle dimension. La gorge sèche devient une obsession, une idée fixe qui nous pousse à avancer.

Seulement voilà, comme notre marche demeure une belle histoire, tout est bien qui finit bien et nous arrivons dans les temps au Mas de Val, le hameau est parmi les seuls points d’eau facilement accessibles de tout le Causse Mejean ! Et la première gorgée s'avère magique.

 

Victoria : "fausse route : la beauté après la colère"

En qualité de lecteurs attentifs et/ou visionneur actif, vous avez sans doute compris que notre itinéraire ne suivait pas un unique GR. Ce jour-là, nous devions effectivement quitter le GR736 qui rejoignait Saint-Chély-du-Tarn afin d’emprunter le cami Ferrat en direction du Mas St Chély. Alors si la ressemblance entre ces deux noms de localités est assez surprenante, quelle fut ma stupéfaction lorsque Paul m’annonça que nous avions marché 2 kilomètres en trop après la bifurcation ! Cet écart est un détail (4km), je vous l’accorde. En revanche, mon énervement couplé à celui de Sarah à l’égard de Paul fut marquant. Non pas que cette exaspération n’était pas légitime. Nous étions fatiguées et conscientes que cette étape risquait d'être longue et exigeante sur le plan physique. Mais parce que lorsque nous sommes arrivés à l’endroit du changement de chemin, une croix rouge et blanche se dressait devant nous. Et que ce soit Paul, qui détenait un certain monopole du guidage, ou nous-mêmes, aucun des apprentis aventuriers n’aurait davantage que l'autre, eu l'intuition contre-intuitive d'aller à l'encontre du balisage.

Mais il est important de souligner que, sans ce détour, vous n’auriez pas pu admirer le magnifique point de vue de notre « photo du jour » (celle où il est écrit : "Jour 11 Sainte Enimie - Hameau de Mas de Val).

 

Jour 11 St Enimie Mas de val

 

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JOUR 12 : Mas de Val - Cabrillac avec brève téléportation au Villaret

 

distance

18 km

 

Dénivelé positif

581 m

 

La chance que nous avons au cours de cette itinérance, c’est qu’au-delà d’être spectateur des magnifiques paysages qui nous entourent, nous rencontrons différents acteurs du Parc qui nous permettent de mieux les comprendre.

Aujourd’hui, le programme était chargé : 18 km de marche au cours desquels nous rencontrions Hervé, spécialiste des rapaces et chargé de mission agriculture-environnement au Parc, Sigrid, apprentie spécialiste de la pie grièche méridionale, ainsi qu’Olivier, actuel directeur de l’antenne française de Takh, association pour la sauvegarde du cheval de Przewalski.

Si cette journée fût riche et intense, elle a surtout marqué un tournant dans notre périple : Sarah, suite à une tendinite au niveau du genou, est contrainte de nous quitter. Retour au camp de base de Florac pour elle qui poursuivra tout de même la découverte du patrimoine culturel du Parc de son côté. 

Jour 12
Jour 12
Jour 12
Jour 12
Jour 12
Jour 12
Jour 12
Jour 12

Sarah : "sentiment de quitter l’aventure"

Devoir abandonner un projet en raison d'une blessure physique laisse toujours un goût amer. Mais la nuit n'y a rien fait et la douleur que je ressens après avoir fait quelques mètres ne me laisse d'autre choix que d'arrêter la marche.

Heureusement, je peux quand même profiter des paysages des Causses que nous traversons en voiture. Mais le plaisir n'est pas le même, et c'est triste et déçue que je laisse mes camarades reprendre la route en fin de journée.


Victoria : "quand l'équilibre vacille"

Passer une semaine et demi à trois n’a pas toujours été de tout repos. Cependant, une fois notre organisation affinée, tout roulait. Chacun de nos rôles est minutieusement huilé, nous rendant parfaitement complémentaires. Au-delà du plan pratique (répartition de la tente, de la nourriture etc.), notre harmonie découle de l'assemblage de nos personnalités. Paul et moi avons des caractères plutôt explosifs. Sarah, c’est notre force tempérante. Celle contre qui on ne se permet pas de s’énerver et qui sait avoir le mot juste quand notre équilibre vacille. Et si je fais l’éloge de Sarah, en réalité, ce n’est pas moins l’apologie du groupe à trois que nous avons construit et auquel je suis profondément attachée.

Alors, lorsque je comprends que nous allons devoir continuer cette aventure à deux, cela suscite beaucoup d’appréhension. Heureusement, nous savons que nous continuerons à nous retrouver, car nous convenons immédiatement de points de rendez-vous à des moments clés des étapes à venir. De plus, je garde à l’esprit qu’un bivouac ne se déroule jamais comme prévu, et que c’est précisément l'essence des risques inhérents à l'aventure. Les petites clauses négatives du contrat tacite que nous avons passé se sont certes réalisées mais je me dis que nous allons devoir rebondir. Alors on accepte de porter encore un peu plus lourd, et on visualise toutes les rencontres et les paysages qui n’attendent que nous pour être savourés !


Paul : "comme un air de préhistoire sur le Causse"

L’après-midi commence juste, et nous quittons le Villaret heureux d’avoir vu la véritable vie qui s’agite dans ce tout petit hameau du Causse Méjean.  A notre arrivée, nous sommes accueillis avec le sourire par Sigrid qui est apprentie au Parc dans le cadre de ses études de naturaliste. Celle-ci nous parle de pie grièche méridionale. Iconique du Parc, cette espèce rare lui est aujourd'hui quasiment endémique. En prenant les dispositions nécessaires pour sauver toute une espèce, le sentiment du devoir bien fait se lit dans les regards. Malheureusement pour nous, nous n'aurons pas réussi à observer les fameux oiseaux ce matin-là à la jumelle !

Si le sourire des agents de l'antenne du Villaret est une première parenthèse en marge de notre parcours, une autre rencontre nous propulse hors du temps. Au Villaret, l’association TAKH est un des joyaux du Parc. Depuis plus de 30 ans, ce collectif composé de passionnés remue ciel et terre pour rendre possible la survie d’un des derniers troupeaux de chevaux de Przewalski, une espèce d’origine préhistorique qui donne au lieu une véritable âme insolite et hors du temps.

Voilà qui nous donne de la vigueur pour la longue traversée du plateau qui nous attend, et où nous nous trouverons sensiblement plus seuls. Un sentiment d'autant plus fort que Sarah doit malheureusement nous quitter.

cabrillac

 

 

Jour 12 Cabrillac

 


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